Une araignée au plafond

Un cylindre crocheté suspendu par son faîte autour d'un cerceau métallique, touchant à peine le sol… comme s'il lévitait…

Un cylindre de 80 centimètres de diamètre, d'un mètre soixante-dix de hauteur, à l'image des mensurations de l'artiste, entre-ouvert à l'arrière en une légère fente qui invite le spectateur à y glisser le regard…

Un cylindre comme une enveloppe corporelle, autour de laquelle on peut tourner pour découvrir – sur l'architecture de laine, un accrochage de photographies.

Des photographies, de format identique (A 4).

Des photographies qui montrent de façon sporadique des fragments de corps scannés (le corps de l'artiste), dévoilant ainsi une intimité toujours morcelée, presque abstraite dans sa représentation.

Des photographies qui ne reconstituent pas la réalité de ce corps mais qui en imposent des « visions » tronquées, aplaties.

Pour en saisir l'intégralité, il est obligatoire de faire le tour de ce dispositif.

Un interstice, qui appelle le regard… A travers lequel on peut deviner, un entremêlement de fils noirs, tendus à l'intérieur du cylindre de part et d'autre de la paroi.

Un interstice qui laisse entrevoir, entre les fils, des étiquettes « porteuses » de petits messages : La mère comblée, la femme blessée, l'éternelle amoureuse , …

Des messages, au nombre de sept, un chiffre loin d'être anodin puisqu'il représente universellement le symbole d'une totalité en mouvement*.

Des messages qui livrent une toute autre intimité, une intimité « intérieure », révélant des facettes de la réalité de Lili Bel.

Des messages finement brodés au fil noir sur de la tarlatane blanche.

Des messages brodés – point après point, une structure de laine crochetée – maille après maille, Lili Bel n'a pas peur de défier le temps. Elle tisse sa vie, telle une araignée tisse sa toile, pour captiver notre regard – souvent bien superficiel, nous invitant dans le même temps à ne pas nous contenter de faire un « simple tour » de son oeuvre.

*Dictionnaire des symboles

Florence Garnier, janvier 2005