Les collections sont absurdes.
La pièce manquante. La pièce rare. La pièce indispensable.
Réunir. Classer. Acquérir. Posséder.
Logique de la frustration et du manque.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.
Satisfaction ponctuelle. Frustration. Nouvelle acquisition.

 
 
 

 

Au fil des années, j’ai pu constater que j’étais dans la peau d’une collectionneuse invétérée, une malade de la collection, une psychopathe de l’accumulation, une névrosée du classement et de l’archivage, en un mot : certainement la réincarnation d’une fourmi.

Sans les nommer « collections », j’accumule de petites choses, sans aucune valeur. Sans aucun intérêt. Leur caractère courant, leur appartenance au quotidien, leur nature anodine, sont affligeants de banalité.
Seule leur accumulation, leur multiplicité me motive. Alors je garde, j’archive, je classe, je range, je conserve.

Le geste prend alors un sens (collection, du latin collectio ; de colligere, recueillir). Prendre sous ma protection de menus objets voués à un triste sort : la poubelle. Leur donner un second souffle. Les protéger. Les aimer. Les revaloriser. Ne pas oublier leur feue importance.

Toutes réunies, ces petites choses transcendent leur identité propre. Leur métamorphose s’opère alors, et c’est ainsi, qu’agitant ma baguette magique tout en formulant quelques paroles obscures, les tableaux-assemblage me sont apparus.

Lili Bel 2001