Dans le droit fil de ses derniers travaux, essentiellement composés d’éléments textiles –crochet, broderies, Lili Bel a conçu et réalisé pour l’événement « si le printemps revenait » une œuvre éphémère qui prend racine sur le site même de l’exposition. Le titre de cette nouvelle création soudain, le printemps dernier, annonce déjà un jaillissement, que l’impact visuel du travail confirme par ses couleurs vives, son installation insolite et soudaine à même la végétation, et des dimensions qui épousent celles d’un fragment choisi de Nature.
Une fois encore, cette œuvre s’inscrit dans une expérience intime de l’artiste ainsi qu’elle puise dans le creuset de sa mémoire. Lili Bel a pour l’occasion élu un arbre du parc Valrose, à qui elle a confectionné, maille après maille, un vêtement douillet pour l’hiver. Une intention bienfaitrice qui nous apparaît à la fois poétique, dérisoire et chargée d’humour, évoquant avec tendresse l’aspect maternel des grand-mères à l’ouvrage, qui tricotent sans relâche pulls, bonnets et vestes pour leurs petits enfants.
Si cet habit chatoyant se veut protecteur, il rappelle aussi avec nostalgie les couleurs du printemps dernier tout en annonçant celles de celui à venir. Une éruption, décalée de son cycle naturel puisque l’œuvre éclot au début de l’hiver, qui brouille nos repères temporels et biologiques.
Cette création, qui fait corps avec la nature au sens premier du terme, a été volontairement crochetée de façon très ajourée dans l’espoir de voir apparaître pousses, bourgeons et feuilles dès le printemps prochain. C’est ainsi que Lili Bel invite la nature à participer à son œuvre éphémère, à la percer, s’en extirper, pour la recouvrir à son tour de ses couleurs, de ses textures et de ses formes toutes neuves. L’aspect éphémère de soudain, le printemps dernier  prend alors tout son sens, s’inscrivant dans le cycle incessant des saisons.
Reste cependant l’incertitude quant au retour du printemps et à la nature de ses manifestations…

Florence Garnier, janvier 2010